VOYAGER AU MOYEN ÂGE
S’IL Y A BIEN UNE EXPOSITION QUE TOUT RÔLISTE AMATEUR DE FANTASY, D’HISTOIRE DU MOYEN ÂGE OU MÊME DE POST-APO DU GENRE WASTELAND, SE DOIT DE VOIR EN CETTE FIN D’ANNÉE, C’EST ASSURÉMENT CELLE-CI: VOYAGER AU MOYEN-ÂGE, DU 22 OCTOBRE AU 23 FÉVRIER 2015 AU MUSÉE NATIONAL DU MOYEN-ÂGE.
L’exposition s’attache à montrer qui, dans l’Europe médiévale, voyage, comment et pourquoi. On rencontre les différents types de voyageurs – les marchands, les pèlerins, les princes ou encore les artistes. L’exposition n’est pas un livre, elle évoque ces voyageurs au travers d’objets qu’ils ont utilisés ou qui les représentent. Ils témoignent de moments forts ou anecdotiques, permettant de mieux appréhender la réalité du quotidien des voyageurs.
Concernant les objets que l’on emporte avec soi en voyage… C’est assurément l’une des questions les plus emblématiques qu’un MJ pose à ses joueurs: qu’emmenez-vous avec vous? Au-delà des sempiternelles cordes, torches et rations de voyage, l’exposition vous offre un large éventail d’objets pliants, transportables, ergonomiques, en un mot pratiques, que les hommes et les femmes du Moyen Âge emmenaient avec eux pour une raison importante : emporter avec soi une partie du confort de sa maison. On peut donc y voir des tables pliantes, des chandeliers gigognes, du petit mobilier portatif, des nécessaires de toilette, etc.
On imagine tout à fait des personnages hobbits de L’Anneau Unique ou des halfelins de D&D ou Pathfinder insistant pour transporter ces objets sur des mulets, histoire qu’à chaque pause ils aient la sensation, même fugace, d’être presque à la maison. Et dans Ars Magica, nul doute que les mages de Jerbitonem portent ce genre d’objets et les font transporter à dos de cheval ou de custodes…
L’exposition nous montre aussi des cartes, éléments indispensables d’orientation et notamment une édition de la plus célèbre d’entre elles: la table de Peutinger qui – sur plus de six mètres de long! – indique toutes les routes d’Europe.
Des récits de voyages nous racontent également comment se déroulaient les périples, notamment ceux des pèlerins. On peut lire d’étranges remarques comme cet homme, que je vous laisse retrouver au sein de l’exposition, qui raconte avoir croisé des licornes un matin sur le bord de la route! Un des documents les plus fascinants est assurément le rouleau des morts. Ce type de parchemin était une sorte de faire-part annonçant la mort d’un abbé ou d’un religieux important. Un moine plus débrouillard que les autres était chargé de l’emmener à travers toute l’Europe pour le montrer aux autres abbés qui, à chaque fois, y apposaient un petit hommage. Le voyage pouvait être très long, comme ici avec plus de huit cents destinations différentes, de Barcelone à Amsterdam, un voyage d’au moins deux ans ! Cet objet peut tout à fait être transposé dans un univers de fantasy où une équipe d’apprentis-magiciens est chargée du précieux manuscrit annonçant la mort du supérieur de leur ordre, manuscrit possédant ou non des vertus magiques à développer. L’équipe doit annoncer sa mort à chaque grand magicien du royaume ou de l’empire, ce qui peut conduire à une quête riche en rebondissements. Ce voyage pour annoncer la mort peut donner naissance à une nouvelle profession dans l’univers de Wasteland. Tous les personnages du jeu sont des «Pieds Poudreux», des hommes et des femmes qui ont fait du Voyage leur raison de vivre. À côté des messagers, on aurait ces Voyageurs venant annoncer la mort de gens importants: seigneurs, supérieurs de la Rédemption, etc. et recueillir des hommages à ramener au duché ou au monastère. Ces hommes ou ces femmes auraient une tenue identifiable immédiatement et un nom bien particulier: les annonce-mort.
L’exposition aborde aussi la question des moyens de transport. Et là il faut se rendre à l’évidence, l’écrasante majorité des voyageurs de l’Europe médiévale voyage… à pieds! Le parcours de visite montre donc des chaussures et rappelle ce petit détail: il n’existait pas de chaussures de marche. D’ailleurs certains textes indiquent même que des voyageurs voyagent pieds nus (!) pour ne pas user leurs chaussures. Il n’y a donc pas que les hobbits à avoir les pieds calleux! Vous verrez également l’une des très rares épaves de navire médiéval qui nous soit parvenue. Ce navire servait à transporter des voyageurs et des marchandises: il vous sera donc très utile pour vos descriptions de voyages fluviaux. Pour conclure, vous l’aurez compris, cette exposition est un must pour se plonger dans l’univers du voyage médiéval… Puisse saint Christophe, patron des voyageurs, vous assurer sa protection tout au long de la route!
Vincent Blanchard.
AMIS JOUEURS ET MENEURS DE L5A, TENGA OU ENCORE DES 6 VOYAGES EN EXTRÊME ORIENT
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