BIMBO
DES FEMMES, DES FLINGUES ET DE L’ACTION!
ALORS QUE L’HÉLICOPTÈRE SE RAPPROCHE, VOUS APERCEVEZ AUX COMMANDES LA DIABOLIQUE TANIA. ELLE PRESSE UN BOUTON ET UNE MITRAILLEUSE APPARAÎT SOUS L’APPAREIL. SOUDAIN, BRENDA JETTE AU SOL SON GRAND IMPERMÉABLE, RÉVÉLANT UN JET PACK QU’ELLE ACTIVE, ET SE JETTE À L’ASSAUT DE L’HÉLICOPTÈRE QU’ELLE MITRAILLE AVEC ENTHOUSIASME. ALORS QUE LA COLLISION PARAÎT INÉVITABLE, ON ENTEND SOUDAIN UNE VOIX: «COUPEZ! ON LA REFAIT PLUS DÉCONTRACTÉ! ET C’EST NATALIA QUI PREND LE JET PACK!»
Bimbo
Auteurs: Grégory Privat
Illustrateurs: Loïc Muzy
Éditeur: Sans Détour
Genre: parodique, décalé
TRAITS
Background:
-original
-hilarant
-très second degré
Gameplay:
-déstabilisant au début
-rafraîchissant
-bien adapté au propos
Produit:
-de bonne facture
-bien conçu
Le jeu dont vous êtes la vedette
Bimbo est la dernière création de Grégory Privat, auteur ayant précédemment oeuvré (entre autres) sur la dernière édition des Masques de Nyarlathothep. D’après son créateur, Bimbo est un jeu résolument iconoclaste et féministe, dans lequel vous allez incarner des actrices en train de jouer dans un film. Ça vous paraît compliqué? Ne bougez pas, on va la refaire moins crispé.
Le jeu
L’univers de Bimbo est l’univers impitoyable (non, pas Dallas!) des films à petit budget et à gros seins. L’histoire risque fort de n’avoir ni queue ni tête, et la réalisation sera souvent catastrophique, mais l’important n’est pas là. L’important (pour les actrices), c’est de tirer leur épingle du jeu en se faisant remarquer pour devenir la vedette du film. Pour cela, tous les coups sont permis: séduire le metteur en scène, piquer sa réplique à votre partenaire… Et ne vous inquiétez pas, vos copines vous le rendront bien.
La vedette
Dans Bimbo, tous les joueurs incarnent des actrices. Oui, même les hommes. S’il est prévu de pouvoir jouer des acteurs, cela va clairement à l’encontre du sujet même du jeu et risque de vous faire passer à côté de son intérêt.
Vous allez donc jouer des actrices, qui vont elles-mêmes devoir se mettre dans la peau d’un nouveau personnage pour leur prochain film.
Car oui, dans Bimbo, chaque scénario correspond au tournage d’un film. Et quand je dis le tournage, je ne parle pas des préparatifs, du casting ou que sais-je encore, je parle bien du tournage des scènes dans lesquelles vos actrices vont intervenir.
En effet, à la différence d’une partie classique, vos personnages jouent un rôle dans une histoire qui est déjà écrite et dont ils connaissent le déroulement et la fin. La seule inconnue, c’est le déroulement exact des scènes, dont on connaît simplement la trame générale, par exemple: les héroïnes interrogent leurs contacts pour obtenir des renseignements. Vos joueuses sont libres de mettre en scène ces contacts et la manière dont elles obtiennent ces renseignements, qu’elles obtiendront dans tous les cas. Mais si elles sont particulièrement mauvaises, elles risquent de laisser les autres actrices se mettre en valeur à leur détriment. Et si toutes les actrices sont mauvaises, le metteur en scène/meneur de jeu a toujours la possibilité de décréter: Coupez! On la refait! Dans ce cas, on reprendra la scène au début, et vos actrices auront une deuxième chance (voire une troisième, mais là, elles le font exprès).
Ainsi, vous progresserez tant bien que mal vers la conclusion de votre fi lm et de votre histoire, en espérant réussir à attirer les spectateurs dans les salles.
Après cette introduction, voyons donc ce que la boîte du jeu a dans le ventre.
Des filles et des flingues
Sous une couverture évoquant irrésistiblement un film de série B (mais si, vous savez bien, ceux que vous regardiez en cachette quand vous étiez plus jeune), le matériel fourni est plutôt simple: deux livrets de 64 pages et un de 32, une feuille de personnage à photocopier, trois D6 et 63 cartes réparties en deux decks: les plans (avec illustrations, bien pratique en cours de partie) et les clichés.
Commençons par le premier manuel, «L’Actor Studio».
Dans sa première partie, il nous présente le principe du jeu (reportez-vous ci-dessus), puis il aborde le coeur du sujet: les règles du jeu.
En 10 pages, vous saurez tout de la manière de créer votre alter ego ludique. Définition de vos scores dans les deux caractéristiques (Macho – pour tous les jets physiques – et Sexy – pour tous les autres), création d’un répertoire d’actrice (la liste des compétences que vous êtes capable d’interpréter avec vraisemblance – c’est du cinéma, pas la réalité), vos clichés (à balancer à tout bout de champ, en espérant devenir un mème sur internet), votre utilisation des plans (rapproché, américain, large… à utiliser pour vous mettre en valeur), ainsi que vos économies (on y reviendra).
Après cette mise en bouche, on aborde les choses (plus) sérieuses : comment gagner une partie.
Oui, vous avez bien lu, dans Bimbo, il y a une gagnante et des perdantes lors de la cérémonie de remise des Petites Statuettes Dorées.
Pendant toute la partie, vos actrices vont se démener pour se mettre en valeur, ce qui sera synthétisé sur l’échelle du Star System.
Chaque action pourra avoir une influence, en bien ou en mal, pour déterminer qui recevra le prix tant convoité. Placer une réplique culte ou mettre en valeur un sponsor, éliminer un adversaire coriace, tout cela vous sera bénéfique. Mais attention, si vous en faites trop, vous risquez d’être coupée au montage.
Cet affrontement perpétuel entre actrices est l’un des moteurs de Bimbo. Mais pour éviter que cela devienne un bazar sans nom, il y a un deuxième point important: pour que la cérémonie ait lieu, il faut boucler le tournage! Et si vous sabotez trop le travail de vos petites camarades, le metteur en scène risque de jeter l’éponge et de vous planter là. Avouez que ça serait dommage. Vous trouverez également dans ce livret les règles pour interpréter les autres acteurs du film, du simple intermittent (sbire, indic, serveuse…) aux vedettes incarnant les adversaires de vos actrices, ainsi que la méthode pour résoudre les oppositions.
Enfin, pour compléter, il y a les règles de budget, permettant aux actrices d’investir dans le film, par exemple en engageant une doublure pour les scènes d’action ou en payant de leur poche des effets spéciaux. Selon la réussite du fi lm, il est même possible qu’il rapporte de l’argent à vos actrices, qu’elles pourront alors réinvestir dans le suivant, initiant un effet boule de neige qui les rendra riches et célèbres. Mais il est plus probable que le film soit un naufrage financier.
N’oublions pas les pré-tirés, toujours pratique pour lancer rapidement une partie ou donner des exemples de personnages à des joueurs en manque d’inspiration.
Le second livret, intitulé «La Mise en Scène», est consacré… à la mise en scène.
Mêlant conseils pour mettre en place un scénario, indications cinématographiques et aides à la gestion d’une table, ce livret est celui où Bimbo prend toute son ampleur. Ici, peu de règles, mais beaucoup de développement des concepts de base et d’explications sur la manière d’en tirer le maximum dans une partie. Si la première lecture laisse la sensation d’être submergé, la richesse de ce livret vaut le coup que l’on y revienne et que l’on s’attarde sur ses différentes parties.
Le troisième livret, intitulé «Les Scripts», vous propose quant à lui quatorze scénarios (presque) prêts à jouer. Et il y en a pour tous les goûts: du film noir, de la science-fiction, de l’horreur… Vous trouverez forcément votre bonheur. Mention spéciale au reboot de L’Arrivée d’un train en gare de la Ciota, dans lequel vos actrices descendent du dit train.
Générique de fin
Bimbo se veut résolument iconoclaste dans sa manière de jouer et, de ce point de vue, c’est une réussite. Joueurs et meneur auront besoin d’un temps d’adaptation pour pouvoir utiliser au mieux toutes les possibilités offertes par le jeu, de l’utilisation des plans pendant les scènes au placement de leurs phrases cultes. Cependant, très vite, tout cela s’enchaîne naturellement et donne une connotation cinématographique à vos parties.
L’intention initiale d’offrir un jeu novateur est parfaitement réalisée. Après plusieurs parties, tous mes joueurs se sont pris au jeu et ont apprécié cette rupture dans leurs habitudes, pourtant bien ancrées par de nombreuses années de jeu. Le rythme est pris, et chacun s’amuse. Le contrat est donc rempli.
Fabrice Crézé.
CÔTÉ SEXE
Il y a clairement un côté sexuel revendiqué dans Bimbo. Tout le monde incarne des actrices choisies avant tout pour leur physique, elles peuvent tenter d’influencer la production au moyen de leurs charmes… Tout cela est parfaitement assumé par l’auteur et fait partie de l’ambiance du jeu. Cependant, selon la composition de votre table, il vous appartiendra de décider quelle dose de sexe vous voulez injecter dans votre partie.
COUPEZ! ON LA REFAIT!
Comme au cinéma, le metteur en scène peut décider de refaire jouer une scène qu’il estime mauvaise. Mais dans Bimbo, cette possibilité est aussi ouverte aux actrices qui le désirent (souvent parce que la scène n’est pas à leur avantage). Évidemment, il y a une limite au nombre de fois où l’on va pouvoir rejouer une scène. Mais ouvrir cette possibilité aux joueurs offre des perspectives très intéressantes (et multiplie les chances que le fi lm soit incohérent, mais on ne peut pas tout avoir).
L’ÉCRAN
Pour ajouter un peu de décorum à vos parties, vous avez l’opportunité de vous procurer l’écran de Bimbo. Il propose une image tirée de votre prochain film à succès (coté joueur) et les informations utiles en cours de partie (coté metteur en scène). En bonus, deux planches cartonnées vous fourniront moult jetons, ainsi qu’une petite statuette dorée à monter, que vous pourrez remettre à la fi n de la partie à la gagnante, sous les applaudissements de ses consoeurs.
