RENCONTRE AVEC… LILLE
Ton premier contact avec le jeu de rôle et le GN, c’était quand?
Lille: J’ai découvert le jeu de rôle en 2007, en jouant au Seigneur des anneaux avec les rares geeks de l’île où j’habitais, juste avant mon bac. J’ai ensuite quitté cette île pour Bordeaux, et j’ai cherché les associations rôlistes du coin. J’ai rejoint Troll me Tender, avec qui j’ai connu la joie des conventions. J’ai été initié au GN la même année, avec la célèbre murder OVNI soit qui mal y pense, par l’association Dragons Trésors et Contes. J’ai découvert ensuite la Camarilla française en 2009 grâce à l’Espace de Développement de l’Imaginaire Ludique (EDIL), et mon premier « vrai » GN, c’était avec les Basques du Yucca, en 2010. C’était un concours de tuning zombie, et j’avais un rôle de voleur. Je me rappelle à quel point j’étais impressionné par les autres joueurs et joueuses, la qualité de leurs costumes et de leur jeu. J’en garde un très bon souvenir.
Et la première fois où tu as écrit un jeu?
Lille: C’était en 2008, juste après avoir découvert le médium, j’ai proposé à mon ex de créer une murder party sur l’anime qu’on adorait tous les deux à ce moment-là: Death Note.
Tu nous racontes la genèse de Timing?
Lille: Je l’ai écrit d’une traite, en novembre 2015, pendant le National Novel Writing Month. J’ai trouvé le titre grâce à un ami de lycée qui faisait la publicité de son livre éponyme.
Je voulais parler de rupture, et je voulais parler de ce que c’est de rencontrer la bonne personne au mauvais moment, ou la mauvaise personne au bon moment.
Tu procèdes toujours comme ça pour créer?
Lille: Disons que c’est la façon la plus intuitive. Ça m’arrive de créer autrement. Par exemple, j’ai conçu avec mon ami Sid K. un jeu sur un centre social. Pour cela je l’ai écouté comme un journaliste, pendant des heures, me parler de ce milieu qu’il connaît bien mieux que moi. Puis, ensemble, nous avons planché sur la jouabilité et les personnages.
Timing est un jeu qui a maintenant plusieurs années, quel rapport entretiens-tu avec lui?
Lille: Je l’ai encore organisé en mars ! Je le ressors de temps en temps. J’en suis fier. C’est fou de constater le chemin que j’ai fait depuis, mais je le trouve encore très juste.
Il est toujours joué régulièrement, à ton avis c’est du à quoi?
Lille: Il est facile à organiser logistiquement, son format est original et il raconte une histoire intime et banale.
Dans Timing, on est amené à jouer des personnages d’un autre sexe. Quelle était ton intention de jeu derrière ce dispositif?
Lille: Je n’avais pas d’intention particulière à ce moment-là. Ça faisait sens dans ces scènes. Après, j’ai toujours eu un goût certain pour le gender swap, je trouve ça dommage de se priver du vécu de la moitié de la population. Dans Timing, il y a aussi deux personnages clairement racisés, deux personnages homosexuels, et trois personnages bisexuels. C’était important pour moi de représenter les gens qui m’entourent.
Quels sont les jeux qui t’ont marqué et pourquoi?
Lille: C’est hyperdur de répondre à cette question. Si je devais n’en citer qu’un, là tout de suite et en rapport avec Timing, je dirais que Tant d’espace, de Sébastien Duvned, qui a partiellement inspiré Timing, et Möbler, de Pauline Paris, qui cite Timing comme inspiration. Pour moi ces trois jeux se font écho et parlent d’une période de ma vie très précise. J’ai beaucoup de tendresse pour cette époque et ce qu’elle a produit comme jeux.
Tu as des trucs en préparation ? On peut en savoir plus?
Lille: J’ai quelques projets dans les cartons, notamment un GN Sense 8 qui sortira en 2021, que j’écris avec une amie très chère. En solo, mon bébé depuis 2017 s’appelle les Enfants du Désordre. C’est une cosmogonie immersive mystico-queer, ça va être trop bien. Stay tuned.
Sylvain RUDA.