Edito du n° 31
Le jeu de rôle a quarante ans. D’aucuns diront qu’il est dans la force de l’âge. Certes, mais il est fragile, peut-être un peu malade, un peu maigre. Ou un peu négligé.
Nous devons faire attention à lui, car il pourrait s’effacer, petit à petit. Nous pourrions nous rendre dans nos boutiques de jeu, pour constater qu’elles ne vendent plus que des jeux de carte et de plateau, qui proposent de préférence des parties de moins d’une heure. Nous pourrions discuter avec des adolescents, pour nous rendre compte que pour eux, «jeu de rôle», ça veut dire jeu vidéo et que l’idée de passer du temps à lire des livres de papier pour s’amuser, ça leur paraît un peu saugrenu.
Nous pourrions hanter les forums internet, les webzines et les blogs pour remarquer que tout ce qui s’y fait ou dit n’est qu’une longue répétition du même, voire que ces communautés sont en fait désertées. Nous pourrions, en désespoir de cause, nous tourner vers nos derniers amis rôlistes, pour découvrir qu’ils jouent encore, oui, à D & D, à Vampire: La Mascarade, à L’Appel de Cthulhu, à Shadowrun… C’est-à-dire aux mêmes jeux qu’il y a vingt ou trente ans.
Le jeu de rôle est fragile.
Nous devons nous en souvenir, si nous ne voulons pas que cette vision crépusculaire ne devienne réalité.
Nous préférerions insister sur la diversité de l’offre de JdR, sur son entrée dans les sphères de l’université, sur sa reconnaissance (des livres!), sur le dynamisme des financements participatifs qui permettent aux créateurs de s’exprimer davantage…
Alors ne faisons pas la sourde oreille aux premiers symptômes de maladie.
Soignons notre JdR.
Jouons.
Partageons.
Innovons.
Isabelle et Sébastien.
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