LE JDR ENTRE À L’UNIVERSITÉ
VOUS REPRENDREZ BIEN UN PEU DE THÉORIE?
DE LA THÉORIE?
Le jeu de rôle, on en fait, on y pense, on en parle. Ces discussions permettent de clarifier ses idées (parfois), d’approfondir sa pratique (souvent), de s’améliorer (de temps à autre), de passer du bon temps à réfléchir ensemble (toujours). Elles ont donc leur place dans un mag’ sur le JdR, non?
MAIS QUI??
Des rôlistes (tous), des auteurs (beaucoup), des professionnels (pour la plupart), des universitaires (si, si, ça existe !).
Et tous multiclassés!
Nous vous proposons d’en découvrir quelques-uns dans ce numéro… D’autres se cachent dans l’ombre et attendent leur heure…
MAIS POURQUOI «ASPIRINE»???
Parce que nous pensons qu’on peut faire les chose sérieusement sans se prendre au sérieux.
POUR CE NUMÉRO…
Nous ouvrons ce premier opus de la rubrique «Aspirine» sur une brève synthèse des relations – d’amour plus que de haine – que l’université entretient avec le JdR aujourd’hui en France. Pour illustrer et approfondir notre propos, nous avons été poser quelques questions à Coralie David à propos de sa thèse sur le JdR.
Et enfin, nous avons laissé se présenter deux acteurs importants de la théorie rôliste française sur le net: la Cellule et PTGPTBvf.
LE JDR ENTRE À L’UNIVERSITÉ
ON PARLERAIT DE JEU DE RÔLE DANS LES AMPHIS DE LA FAC?
Longtemps boudé par l’université, le jeu de rôle gagne aujourd’hui en légitimité, loin de l’époque de diabolisation des années 90. Certes, on se souvient des pionniers comme Laurent Tremel avec son ouvrage Jeux de rôles, jeux vidéo, multimédia: les faiseurs de mondes (2001), ou encore Olivier Caïra avec ses Forges de la fiction (2007) ou son plus récent Jouer avec l’histoire (2009), coédité avec Jérôme Larré. Toutefois, l’intérêt universitaire pour le jeu de rôle ne cesse de progresser.
Pourquoi ce changement? On peut discerner un certain nombre de paramètres. D’abord, le développement de la recherche autour du jeu vidéo a amorcé ce mouvement de légitimation des jeux «non-traditionnels». Ensuite, l’élan conjoint de la «culture geek» et des études universitaires sur les littératures de l’imaginaire, les séries télé et plus généralement la fiction, a renforcé ce bouillonnement. Enfin, ces processus conjoints sont soutenus par l’arrivée de nouvelles générations d’universitaires… joueurs!
Voilà donc l’activité universitaire en train de s’intensifier autour du JdR: Anne Besson, bien connue pour ses interventions et ses publications sur la fantasy, évoque JdR et GN dans son prochain ouvrage (qui n’a pas encore de titre à l’heure où j’écris!), Antoine Dauphragne s’intéresse à l’articulation entre JdR et littérature de jeunesse, quant à Coralie David (voir son interview), elle lui consacre rien moins qu’une thèse de Littérature comparée ! Du côté des rencontres universitaires, il devient de moins en moins rare d’y entendre des communications consacrées au JdR: en juin 2014, j’ai eu le plaisir de parler des mondes fi ctionnels littéraires et ludiques au colloque nommé «Mondes possibles, mondes numériques» et nous nous retrouverons, avec Coralie David et Jérôme Larré, au colloque «La littérature de jeunesse dans le jeu des cultures matérielles et médiatiques» organisé par Paris XIII fin septembre 2014.
Enfin, le JdR est également invité à Paris III dans le cadre du séminaire «Narrations sérielles et transmédialité »: j’ai moi-même eu la chance de pouvoir animer la séance qui lui a été consacrée, en compagnie de Natacha Vas-Deyres, Danièle André et Julien Heylbroeck, et de participer à la journée d’étude autour des fans et de la transmédialité. Claire Cornillon, organisatrice du séminaire, explique ainsi son intérêt de chercheuse pour le JdR: «Certains chercheurs soulignent désormais l’intérêt du JdR, non seulement dans le cadre d’études sociologiques ou historiques, ou d’études sur les liens entre le JdR et d’autres supports médiatiques, mais aussi en lui-même, dans son fonctionnement et ses spécificités. En effet, le JdR est une forme de récit et de construction d’un univers fictionnel particulièrement originale qui interroge un certain nombre de catégories de la théorie littéraire ou de l’analyse de la fiction. Qu’est ce qu’un récit dans le cadre du JdR? Comment un récit peut-il se construire à plusieurs voix? Quel est le rapport entre un scénario et une partie? Qu’en est-il des jeux sans scénario ? Qui est l’auteur lorsque la narration est partagée? Le fait que l’univers fictionnel ne soit qu’un potentiel, qui peut ou non s’actualiser au cours d’une partie en fonction de ce que font les joueurs, est une idée passionnante pour quelqu’un qui travaille sur la fiction. L’aspect collectif, éphémère et imprévisible de ce type de récit est à la fois ce qui m’intéresse en tant que joueuse, en tant que meneuse de jeu et en tant que chercheuse.»
Cet intérêt de l’équipe du séminaire – et de l’université en général – pour nos pratiques ludiques sera même confirmé par la tenue du premier colloque entièrement consacré au JdR début 2015 à Paris III et Paris XIII, qui mêlera interventions d’universitaires, de créateurs et peut-être… quelques parties!
Isabelle Pérrier.
Bio: Isabelle Périer est enseignante, chercheur et… rôliste. Docteur en Littérature comparée, spécialiste de mythe, d’épopée, de science-fiction et plus généralement des cultures de l’imaginaire, elle étudie également le jdr dans le cadre de ses recherches.
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