NANAYA, DÉESSE MÉSOPOTAMIENNE OUBLIÉE

STATUETTE DE PRÊTRESSE NUE EN ALBÂTRE AUX YEUX DE RUBIS

CETTE STATUETTE MYSTÉRIEUSE, DONT LE REGARD ROUGE ET ENVOÛTANT EST UNIQUE DANS TOUTE LA STATUAIRE ANTIQUE, REPRÉSENTE UNE JEUNE FEMME SOUS LES TRAITS DE LA DÉESSE NANAYA.

TITAM - JDRMag28 - Jeu de Rôle Magazine n°28Nanaya, déesse mésopotamienne oubliée
Cette déesse originaire de la ville d’Uruk est devenue au fil du temps un des aspects de la déesse Ishtar – fille de Sin, le dieu de la Lune –, déesse de l’amour et de la guerre en Mésopotamie. Le culte de Nanaya est particulièrement vivace à l’époque parthe, entre 100 av. J.-C. et 200 ap. J.-C., époque où cette statuette a été fabriquée. Il était répandu jusqu’en Iran et en Asie centrale.

Une statuette très précieuse
La jeune femme est représentée comme une prêtresse nue, vêtue de ses seuls bijoux: un croissant de lune dans les cheveux, une paire de pendants d’oreilles, un collier et une pierre précieuse au nombril. La statuette est en albâtre avec une coiffure en stuc et les bijoux en rubis et bronze doré. Les bras articulés étaient autrefois attachés par des fils d’or aujourd’hui disparus. Les yeux de rubis sont les plus anciennes attestations de l’utilisation de cette pierre provenant à l’époque de Birmanie. Ils sont fixés à l’aide de bitume, un matériau très couramment utilisé en Mésopotamie antique pour imperméabiliser les murs de terre et pour la sculpture.

Enterrée près de Babylone
Elle a été découverte en 1862 par un archéologue français, Louis Delaporte, dans un hypogée, un tombeau souterrain, creusé non loin de Babylone. La statuette était placée dans le sarcophage en bois d’une jeune fille, près de la tête du corps. Le sarcophage était installé parmi quatre autres dans une chambre funéraire maçonnée en briques cuites couvertes d’inscriptions cunéiformes. Des masques en terre cuite étaient accrochés au mur autour des sarcophages de la chambre.

D’autres statuettes tout aussi mystérieuses
Cette statuette appartient à une série de statuettes représentant des jeunes femmes parées ou non de bijoux. Les autres statuettes sont en albâtre, en terre cuite ou en os, mais celle-ci est assurément la plus belle et la plus expressive avec ses yeux de rubis. Il en existe un grand nombre dans les tombes de Séleucie et de Palmyre, mais aucun texte de l’époque ne nous en explique l’usage. Et c’est à ce moment-là que l’esprit enfiévré du maître du jeu peut s’en emparer… Pourquoi enterrer ces statuettes avec les défuntes? Pourquoi sous le regard de masques en terre cuite ? Qu’y avait-il d’inscrit sur les murs du tombeau? La statuette est visible dans la salle 16 du Département des Antiquités orientales du musée du Louvre.

Vincent Blanchard.

 

INSPI: L’APPEL DE CTHULHU

Nanaya est un avatar mésopotamien de Shub-Niggurat. En temps que déesse de la fécondité, son culte ne s’est répandu dans tout le Proche-Orient grâce à l’action de prêtresses aux grands pouvoirs de suggestion et de manipulation. Leur puissance avait pour origine des statuettes de femmes nues données par Sharattu, l’Élue de Nanaya/Shub-Niggurat, une prêtresse plusieurs fois centenaire. En effet, le pouvoir de la déesse lui avait permis de garder l’apparence d’une jeune fille, grâce à de nombreux sacrifices sanglants. Quand le culte fut éradiqué, non sans peine, par les Romains et les adorateurs de Mithra, dieu solaire iranien, la prêtresse et son entourage furent ensevelis dans des tombes protégées magiquement. Par crainte superstitieuse, les statuettes ne furent pas détruites mais également ensevelies avec les prêtresses et leurs acolytes. La statuette de Sharattu, la plus belle, contient l’âme de l’Élue et tous ses pouvoirs. Une fois ramenée d’Orient par l’archéologue, elle possédera toute femme qui la touchera et tentera de rétablir le culte de la déesse.

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